Epilogue
Elle flottait.
Son corps flottait.
Elle ne savait pas où elle était, mais elle n’avait pas mal. Aucune douleurs. Rien. Elle ouvrit les yeux. Autour d’elle, tout se teintait de vert. Des bulles passaient devant ses yeux. Un masque lui recouvrait les trois quarts du visage. Elle ne se souvenait pas de ce qu’il s’était passé après qu’elle ait voulu accepter. Elle ne se souvenait de rien. L’avait-elle dit, et ses dernière pensées s’étaient évanouies à cause du choc dû à l’opération ? L’avaient-ils endormi, après s’être donné tant de mal, pour l’opérer contre son grès ?
Elle n’en avait aucune idée.
A travers le vitrage, elle voyait des formes bouger. Mais le liquide, pourtant clair, l’empêchait de distinguer clairement ce qu’il se passait. Elle ne comprenait pas tout.
Le temps passait.
Elle sentait son corps changer.
Elle ne savait pas combien de temps passait, mais elle savait que c’était long, très long. Mais elle n’en avait pas conscience. C’était comme si des générations passaient en un clin d’oeil. Peut être, au contraire, tout ce temps ne passait pas. Etait arrêté. Et qu’elle avait l’impression qu’il passait. Elle n’en savait rien.
Elle ne savait rien.
Souvenirs d’une petite fille au manteau rouge.
Elle n’était plus cette petite fille. Elle était autre chose. Son corps était différent.
Ses pensées étaient différentes.
Ses yeux se fermaient, s’ouvraient. Elle n’avait envie de rien. Elle avait à peine conscience d’être. Elle savait qu’elle était, et ce savoir lui suffisait. Elle ne savait pas qui elle était. Mais ça n’était pas important.
Douleur.
Soudain, douleur.
Tout éclate, et ce qui était jusque là un monde vert et flottant devint une multitude de couleurs, de formes, de sons. Des hurlements se faisaient entendre, lui parvenaient comme si elle avait du coton dans les oreilles.
« TWEE ! »
Elle connaissait cette voix. Elle était associée à des souvenirs sympathiques.
Douleur.
Le verre cassait lui entaillait la peau, lui mangeait les poignets, le visage, le corps tout entier. Tout n’était que douleur.
Cri. Hurlement. Elle hurlait, hurlait sans s’entendre. C’était comme si le silence s’était fait dans sa tête. Son corps réagissait à ce que son esprit ne comprenait pas. Son esprit changeait. Son corps aussi.
Visage. Un visage connu se penchait vers elle. Un mot. Un nom. Lied. Une mélodie. Il semblait avoir mal. Il criait. Elle n’entendait plus ce qu’il disait. Elle respirait mal. Il pointa un objet dans sa direction. Elle vit que c’était une seringue. Une sorte de fiole contenant un liquide vert, légèrement phosphorescent. Ce liquide l’appelait. Dans la fiole, il commença à briller de plus en plus, à hurler son nom. Pas ce nom qu’on lui avait donné un soir dans une vieille roulotte en bois, non, le liquide hurlait le nom de son âme, son véritable nom, son Elle véritable.
Elle tendit la main malgré la douleur. Elle voulait répondre à l’appel. Mais ses mouvements étaient erratiques. Lied approcha la fiole et planta la seringue dans son bras, violemment. C’était douloureux. Cri, encore.
Cri, douleur.
Hurlement.
Son corps réagissait alors que son esprit ne pensait qu’à appeler la fiole.
Mais elle s’était trompé. Il était trop tard. La fiole l’appelait, mais appelait ce qu’elle aurait dû être. Pas ce qu’elle était devenue.
La fiole la rejetait.
Douleur.
Douleur, ombre.
Tout est noir.
___
Leid cracha sur le sol. Du sang coulait de ses blessures, emmêlait ses cheveux. Son bras, ses côtes, puis sa cuisse et son épaule maintenant lui faisaient mal. Il était presque aveuglé par tout ce sang qu’il avait fait coulé et qu’il avait perdu. Mais il souriait, un sourire mauvais, fou. Il souriait, parce qu’il avait réussi. Il savait qu’il avait réussi. L’Opération ne nécessitait pas toute cette technologie. C’était une oeuvre de la nature. C’était simplement l’éveil chez une personne de toutes ces capacités innées, ces capacités cachées dans un cerveau trop peu utilisé.
« IMBECILE. »
Quelqu’un le frappa, il ne savait pas qui. Ses mains étaient fermement maintenues dans son dos. Il cracha plus de sang encore au sol. Il avait mal, mais il ne cessait pas de sourire. C’était tellement génial...
« OLIVER. Comment cette situation est-elle seulement POSSIBLE ?
- Il a des côtes cassées ! Et le bras en vrac ! Je l’avais bourré de morphine, il ne devrait même pas être réveillé !
- C’est un Bouclier, Oliver, pas un putain de petit Magicien de bas étage !
- Un magicien serait mort avec la dose que je lui ai injecté ! »
Leid sentit son sourire s’élargir plus encore, si c’était possible. Oui, il vivait, oui il était réveillé.
« Oliver, tu ne te rends peut être pas compte de la situation.
- Bien sûr que SI ! Twee est morte, l’opération est un échec, nous avons un Bouclier Berserk avec nous et la plupart des membres de l’administration ne nous soutiennent pas !
- Si seulement ça se réduisait à ça... Nos têtes sont en jeu, Oliver. Nos têtes ! »
Le sourire de Leid disparut. Twee était morte ? Non. Non, c’était impossible, elle ne pouvait pas mourir. Elle avait subi la modification pour devenir une Arme avec succès, et il lui avait injecté le Sang de la Nature, pour lui faire subir l’opération, comme il le savait elle l’aurait souhaité... Oui, il en était sûre, elle aurait voulu tenter l’expérience. Mais elle ne pouvait pas mourir ! Elle était Survivante. C’était LA survivante. Elle ne pouvait pas mourir. Il l’avait lu dans les cartes !
Il se débattit. Il ne voulait pas rester ici, c’était mauvais. Il tenta de délier les liens qui maintenaient ses mains, mais quelqu’un le frappa de nouveau.
« Arrête de bouger toi, t’as déjà fait assez de conneries comme ça, soit bien content d’être resté en vie jusqu’ici ! »
Leid, affolé, n’entendait pas. Il s’essuya les yeux avec son épaule, se déboitant presque les os, pour tenter de retrouver une part de sa vision. Devant lui, la commande qui renseignait les signaux vitaux de Twee. Il savait que c’était les siens.
Sauf que la commande ne semblait pas branchée. Car les renvois étaient nuls. Il gigota de nouveau, tenta de se retourner. Twee était là, derrière lui. Il le savait. Il le savait. Il savait tout, toujours, et il devait faire quelque chose pour sauver ce monde. Ou alors ils mourraient tous. Les étoiles se seraient-elles trompées ?
Se serait-il trompé ?
L’adrénaline retombant, il s’écroula, terrassé de douleur et de fatigue, l’esprit en proie au doute.
___
On s’était débarrassé du cadavre. Qui s’encombre d’un cadavre, après tout ? Quand le coeur ne bat plus, il n’y a plus rien à faire. Quelle que soit la personne, une fois morte, elle n’est plus rien.
Twee gisait au milieu de la ville, cachée sous un buisson, recouverte de feuilles. Personne ne l’avait enterré : qui la retrouverait dans cette ville ? Et puis, le temps manquait.
Le cadavre de Twee gisait, abandonné, sous quelques feuilles.
Le cadavre de Twee lentement s’éveilla.
Renouveau.
Son corps flottait.
Elle ne savait pas où elle était, mais elle n’avait pas mal. Aucune douleurs. Rien. Elle ouvrit les yeux. Autour d’elle, tout se teintait de vert. Des bulles passaient devant ses yeux. Un masque lui recouvrait les trois quarts du visage. Elle ne se souvenait pas de ce qu’il s’était passé après qu’elle ait voulu accepter. Elle ne se souvenait de rien. L’avait-elle dit, et ses dernière pensées s’étaient évanouies à cause du choc dû à l’opération ? L’avaient-ils endormi, après s’être donné tant de mal, pour l’opérer contre son grès ?
Elle n’en avait aucune idée.
A travers le vitrage, elle voyait des formes bouger. Mais le liquide, pourtant clair, l’empêchait de distinguer clairement ce qu’il se passait. Elle ne comprenait pas tout.
Le temps passait.
Elle sentait son corps changer.
Elle ne savait pas combien de temps passait, mais elle savait que c’était long, très long. Mais elle n’en avait pas conscience. C’était comme si des générations passaient en un clin d’oeil. Peut être, au contraire, tout ce temps ne passait pas. Etait arrêté. Et qu’elle avait l’impression qu’il passait. Elle n’en savait rien.
Elle ne savait rien.
Souvenirs d’une petite fille au manteau rouge.
Elle n’était plus cette petite fille. Elle était autre chose. Son corps était différent.
Ses pensées étaient différentes.
Ses yeux se fermaient, s’ouvraient. Elle n’avait envie de rien. Elle avait à peine conscience d’être. Elle savait qu’elle était, et ce savoir lui suffisait. Elle ne savait pas qui elle était. Mais ça n’était pas important.
Douleur.
Soudain, douleur.
Tout éclate, et ce qui était jusque là un monde vert et flottant devint une multitude de couleurs, de formes, de sons. Des hurlements se faisaient entendre, lui parvenaient comme si elle avait du coton dans les oreilles.
« TWEE ! »
Elle connaissait cette voix. Elle était associée à des souvenirs sympathiques.
Douleur.
Le verre cassait lui entaillait la peau, lui mangeait les poignets, le visage, le corps tout entier. Tout n’était que douleur.
Cri. Hurlement. Elle hurlait, hurlait sans s’entendre. C’était comme si le silence s’était fait dans sa tête. Son corps réagissait à ce que son esprit ne comprenait pas. Son esprit changeait. Son corps aussi.
Visage. Un visage connu se penchait vers elle. Un mot. Un nom. Lied. Une mélodie. Il semblait avoir mal. Il criait. Elle n’entendait plus ce qu’il disait. Elle respirait mal. Il pointa un objet dans sa direction. Elle vit que c’était une seringue. Une sorte de fiole contenant un liquide vert, légèrement phosphorescent. Ce liquide l’appelait. Dans la fiole, il commença à briller de plus en plus, à hurler son nom. Pas ce nom qu’on lui avait donné un soir dans une vieille roulotte en bois, non, le liquide hurlait le nom de son âme, son véritable nom, son Elle véritable.
Elle tendit la main malgré la douleur. Elle voulait répondre à l’appel. Mais ses mouvements étaient erratiques. Lied approcha la fiole et planta la seringue dans son bras, violemment. C’était douloureux. Cri, encore.
Cri, douleur.
Hurlement.
Son corps réagissait alors que son esprit ne pensait qu’à appeler la fiole.
Mais elle s’était trompé. Il était trop tard. La fiole l’appelait, mais appelait ce qu’elle aurait dû être. Pas ce qu’elle était devenue.
La fiole la rejetait.
Douleur.
Douleur, ombre.
Tout est noir.
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Leid cracha sur le sol. Du sang coulait de ses blessures, emmêlait ses cheveux. Son bras, ses côtes, puis sa cuisse et son épaule maintenant lui faisaient mal. Il était presque aveuglé par tout ce sang qu’il avait fait coulé et qu’il avait perdu. Mais il souriait, un sourire mauvais, fou. Il souriait, parce qu’il avait réussi. Il savait qu’il avait réussi. L’Opération ne nécessitait pas toute cette technologie. C’était une oeuvre de la nature. C’était simplement l’éveil chez une personne de toutes ces capacités innées, ces capacités cachées dans un cerveau trop peu utilisé.
« IMBECILE. »
Quelqu’un le frappa, il ne savait pas qui. Ses mains étaient fermement maintenues dans son dos. Il cracha plus de sang encore au sol. Il avait mal, mais il ne cessait pas de sourire. C’était tellement génial...
« OLIVER. Comment cette situation est-elle seulement POSSIBLE ?
- Il a des côtes cassées ! Et le bras en vrac ! Je l’avais bourré de morphine, il ne devrait même pas être réveillé !
- C’est un Bouclier, Oliver, pas un putain de petit Magicien de bas étage !
- Un magicien serait mort avec la dose que je lui ai injecté ! »
Leid sentit son sourire s’élargir plus encore, si c’était possible. Oui, il vivait, oui il était réveillé.
« Oliver, tu ne te rends peut être pas compte de la situation.
- Bien sûr que SI ! Twee est morte, l’opération est un échec, nous avons un Bouclier Berserk avec nous et la plupart des membres de l’administration ne nous soutiennent pas !
- Si seulement ça se réduisait à ça... Nos têtes sont en jeu, Oliver. Nos têtes ! »
Le sourire de Leid disparut. Twee était morte ? Non. Non, c’était impossible, elle ne pouvait pas mourir. Elle avait subi la modification pour devenir une Arme avec succès, et il lui avait injecté le Sang de la Nature, pour lui faire subir l’opération, comme il le savait elle l’aurait souhaité... Oui, il en était sûre, elle aurait voulu tenter l’expérience. Mais elle ne pouvait pas mourir ! Elle était Survivante. C’était LA survivante. Elle ne pouvait pas mourir. Il l’avait lu dans les cartes !
Il se débattit. Il ne voulait pas rester ici, c’était mauvais. Il tenta de délier les liens qui maintenaient ses mains, mais quelqu’un le frappa de nouveau.
« Arrête de bouger toi, t’as déjà fait assez de conneries comme ça, soit bien content d’être resté en vie jusqu’ici ! »
Leid, affolé, n’entendait pas. Il s’essuya les yeux avec son épaule, se déboitant presque les os, pour tenter de retrouver une part de sa vision. Devant lui, la commande qui renseignait les signaux vitaux de Twee. Il savait que c’était les siens.
Sauf que la commande ne semblait pas branchée. Car les renvois étaient nuls. Il gigota de nouveau, tenta de se retourner. Twee était là, derrière lui. Il le savait. Il le savait. Il savait tout, toujours, et il devait faire quelque chose pour sauver ce monde. Ou alors ils mourraient tous. Les étoiles se seraient-elles trompées ?
Se serait-il trompé ?
L’adrénaline retombant, il s’écroula, terrassé de douleur et de fatigue, l’esprit en proie au doute.
___
On s’était débarrassé du cadavre. Qui s’encombre d’un cadavre, après tout ? Quand le coeur ne bat plus, il n’y a plus rien à faire. Quelle que soit la personne, une fois morte, elle n’est plus rien.
Twee gisait au milieu de la ville, cachée sous un buisson, recouverte de feuilles. Personne ne l’avait enterré : qui la retrouverait dans cette ville ? Et puis, le temps manquait.
Le cadavre de Twee gisait, abandonné, sous quelques feuilles.
Le cadavre de Twee lentement s’éveilla.
Renouveau.